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Mon petit village, Vareilles |
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La cloche ne sonnera plus...sans doute jamais plus.
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LE VILLAGE
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Aux environs de Sens, dans la vallée de la Vanne, mon petit village, à l'époque de mon enfance, avait à peine deux cents habitants. Il comprenait, malgré tout, en dehors des gens attachés à la terre: propriétaires, fermiers et ouvriers, une institutrice, un maréchal-ferrant, un menuisier, un sabotier et quelques retraités. Deux moulins à farine et un café épicerie animaient le bourg. |
Vareilles vue générale |
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Vareilles: le ru |
Le
village est situé dans un vallon où passe un petit ruisseau à l'eau
claire et où couraient de nombreuses truites, sans compter les
grenouilles, têtards, épinoches et aussi des orvets. La source du Ru de Vareilles est située dans un hameau: le Bout d'en Haut comprenant six ou sept maisons, à huit cents mètres du village. C'est une résurgence et le débit est très important et régulier. |
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La vallée où est
situé mon village est assez encaissée et sur le sommet des deux
collines se trouvent des forêts qui fournissent du bois de chauffage
pour les habitants ainsi que des champignons, des fraises, des
noyers et aussi quelques vignes très peu entretenues qui donnaient
un vin bien ordinaire... En dehors du village proprement dit ou Bout d'en Bas, la commune comprend deux hameaux: |
Vareilles vue générale |
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Vareilles: Les Vallées, rue principale |
L'un à huit cents mètres du bourg,
le Bout d'en Haut. Et l'autre à deux milles cinq cents mètres, toujours au sud, en remontant la vallée et qui a justement comme nom: les Vallées. Il se composait d'une dizaine d'habitations uniquement occupées par des cultivateurs. |
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Les enfants de ces maisons éloignées venaient à pied à l'école et l'on se rend compte que l'hiver, par le froid, la neige et dans la nuit, ce que pouvait être le parcours à faire tous les jours, aller et retour par des enfants dont les plus jeunes avaient six ans. | Vareilles: Chapelle des Vallées (maintenant démolie) |
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Vareilles les sources du ru |
LE RU DE VAREILLES ET LES MOULINS
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Le
ru
la machinerie intérieure du moulin d'en haut |
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Il servait à la fois d'abreuvoir pour les bestiaux, de lavoir pour les ménagères et... de salle de bain, l'été, pour les habitants. Rares étaient en effet les maisons qui possédaient l'eau courante. | Vareilles le lavoir |
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Vareilles le moulin d'en Bas |
Vareilles le moulin d'en Bas |
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La Source Saint Léger avant sa réfection |
LA SOURCE SAINT LEGERA une extrémité du village, une
autre source appelée Source Saint Léger donnait une eau pure en
petite quantité mais très régulièrement.On disait que cette eau
avait été analysée en laboratoire et à l'époque, plusieurs
personnes, parfois étrangères à la Commune venaient régulièrement
s'approvisionner à cette source.
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Au centre du village, bien entendu, est située l'église et son clocher pointu, couronné d'un coq en guise de girouette. Elle est sur une petite place herbue et plantée d'une rangée de tilleuls qui en fait le tour. Au milieu de cette place trônait un platane énorme dit: «Arbre de la Liberté», mais qui ne datait pas de la Révolution ! L'église n'était fréquentée que par la moitié de la population le dimanche. L'autre moitié était résolument athée et laïque. Elle est toute simple avec un clocher d'ardoises à l'intérieur duquel se trouvent les deux cloches. |
Vareilles : Eglise Saint Maurice façade sud |
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Vareilles : Eglise Saint Maurice façade nord |
Je me demande qui ne
regardait pas, le matin, en se levant, le coq pour voir comment il
était orienté et en déduire d'où venait le vent et si l'on pouvait
attendre le beau temps ou la pluie. La cloche de l'église ne sonnait que le dimanche pour signaler la messe, mais aussi au moment des mariages qui étaient annoncés et fêtés par un joyeux carillon. Mais elle signalait également les décès et sonnait le glas la veille et le jour d'un enterrement Comme cela se faisait dans les autres villages, nous savions immédiatement qu'un décès avait eu lieu dans le voisinage, lorsque nous entendions son tintement sinistr |
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Elle était utilisée deux fois par
an pour les fêtes.
La Saint Maurice, la plus importante, fin septembre, avec bal champêtre sous une rotonde. Le 14 juillet: Ce jour là, les enfants de l'école, après avoir déposé une gerbe au monument aux morts et chanté une ou deux chansons, souvent un peu patriotiques, se rendaient sur la place. Ils étaient accompagnés par la Compagnie des Pompiers, en tenue un peu ridicule, une douzaine de volontaires commandés par un chef, à l'époque, le cantonnier du village. |
Vareilles: Place de l'Eglise |
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Vareilles: sapeurs pompiers |
La Commune possédait une pompe à incendie, tractée par un cheval. Celle-ci n'était que refoulante, c'est-à-dire que l'on devait la remplir d'eau à la main, en faisant la chaîne, avec des seaux. Cela marchait: Je l'ai vu fonctionner une fois, en 1944, à Pont-sur- Vanne, à l'occasion de l'incendie d'un hangar plein de paille. Sur la place, la population se réunissait pour des jeux: Tir à la carabine pour les hommes, course en sac pour les jeunes et balle au tonneau pour les dames. Suivait une distribution de prix et de récompenses pour les écoliers. |
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C'est une des rares maisons à étage du village. A part le café épicerie, je n'en connais que deux autres: des maisons de maîtres... Cette école est composée, au rez-de-chaussée d'une salle de classe et de la cuisine de l'institutrice. Au premier étage, la salle de la mairie et le logement de la maîtresse, sur le côté sud de la maison, un jardin pour cette dernière, sur le devant, une cour plantée d'arbres où l'on entre par une porte en fer suivie de quatre marches. Dans la cour, un préau et un bûcher. En été pousse sur des fils de fer du houblon qui forme tonnelle et donne un bon ombrage. |
Vareilles: la Mairie et l'Ecole |
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Vareilles: cour de l'Ecole |
La salle de classe, je la revois
comme si je l'avais quittée hier! face à la porte, une estrade
avec le bureau, derrière un petit placard, de chaque côté, des
tableaux noirs dont un pivotait.
Deux rangées de tables: les plus grands en avant, les plus petits derrière. Une rangée réservée aux filles, l'autre aux garçons. Au milieu de l'allée, un énorme poêle en fonte noire fonctionnant au bois. Les grands élèves, en hiver, à tour de rôle, arrivaient un quart d'heure en avance pour allumer ce dernier. |
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A droite, en
entrant, deux petites fenêtres tournées vers l'est. A gauche, trois grandes donnant sur la cour, la rue en face, le café. A droite, une grande bibliothèque noire, avec bien des livres mystérieux. Je me demande aujourd'hui à qui cela peut servir, puisqu'il n'y a plus ni élève ni instituteur! Les murs peints en vert clair, avec un soubassement plus foncé étaient décorés en haut par un pochoir représentant des feuilles de vigne et des raisins. |
Vareilles: reconstitution de la salle de classe (exposition de 1993) |
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Vareilles photo de classe (après 1918 à cause des calots) |
Dans la classe, il y
avait naturellement plusieurs sections, de ceux qui apprenaient leur
alphabet à ceux qui passaient leur C.E.P. Pendant les récréations, tous les élèves jouaient ensemble, aux barres ( c'était le jeu favori), à la marelle, à chat perché, au furet, aux billes, mais pas au ballon! |
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Un maréchal-ferrant: en effet,
tous les travaux se faisaient à l'aide des chevaux. La
maréchalerie courante consistait à fabriquer les socs, les haches
et les fers à chevaux, à réparer les charrues, les chariots et les
tombereaux, à rebattre les pointes, les coutres des charrues. Nous
entendions, dès le matin, résonner le marteau sur l'enclume : deux
ou trois gros coups suivis de trois ou quatre plus petits.
L'opération pour ferrer était très importante et ne se renouvelait
pas souvent>
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A la maréchalerie de Vareilles |
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outils du maréchal ferrand (exposition de 1993) |
Lorsque nous passions
près de la forge, nous sentions l'odeur de la corne brûlée car il
faut adapter le fer au pied du cheval Il faut d'abord retirer le
vieux fer usé, puis couper la corne qui a poussé pendant deux mois
et préparer remplacement du nouveau fer, chauffer celui-ci pour
l'ajuster en fonction de la forme du sabot, le poser rouge
incandescent sur celui-ci. C'est alors que la corne brûle et répand
son odeur particulière. Une fois bien ajusté, il faut fixer le fer par de gros clous à tête carrée, recourber la pointe qui sort du sabot et couper au ras du sabot Un petit coup de lime, un coup de brosse avec de l'huile et voilà un pied de ferré sur quatre. |
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Un vieux sabotier: Il fallait voir la dextérité avec laquelle il taraudait pour faire un sabot à partir d'une bûche. | un sabotier d'autrefois |
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outils
du
menuisier
(exposition de 1993) |
Un menuisier: Pour faire fonctionner son tour ou sa scie, il avait installé une sorte de roue en bois dans laquelle trottait un chien qui, en la faisant tourner, entraînait les appareils nécessaires au travail de son maître. | ||
LE CAFE-EPICERIE-TABACJuste face à l'école se trouvait
le seul commerce du pays: le café épicerie tabac: Une petite pièce
servait d'épicerie et de salle à manger.
Au premier étage, une grande salle avec un billard au centre et des tables autour. Cette salle n'ouvrait que pour les quelques joueurs de billard et, j'y ai, avec mes jeunes camarades, pendant l'occupation, passé bien des dimanches après-midi, alors que j'avais quinze à dix- huit ans. Cette salle servait également l'hiver, de salle de cinéma. C'était un cinéma ambulant qui passait dans les villages des environs. L'appareil de projection se trouvait directement dans la salle, en faisant naturellement beaucoup de bruit. De plus, après chaque fin de bobine, on allumait la lumière, on changeait de bobine et ça repartait... C'était vraiment du bricolage familial! |
Vareilles, la rue de l'Erable | ||
Vareilles : le café |
Au
rez-de-chaussée,
se situait une grande salle qui ouvrait pour les grandes occasions :
celle de la fête patronale du village, la Saint Maurice, le quatorze
juillet, le onze novembre et à l'occasion d'un mariage. (j'ai dû,
personnellement assister à cinq ou six en vingt ans!) et également
après un enterrement. C'était pour les habitants du village et des environs une occasion de se rencontrer. |
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Le café-épicerie était tenu par une dame dont le mari cultivait les
terres d'une ferme de moyenne importance. J'ai rarement vu un ivrogne habituel dans le village, bien que certains buvaient sec, mais plutôt chez eux. Une seule personne, paraît-il, un noble belge en rupture de famille et devenu manœuvrier, faisait quelquefois la fête et dépensait en deux ou trois jours le gain de deux ou trois mois de travail, mais tout le monde en profitait pour venir boire à sa santé. Il arrivait même parfois qu'il offre des bonbons, mais en grosse quantité, aux enfants des écoles. C'était vraiment le fait d'être un peu dérangé et après avoir dépensé tout son argent, il reprenait son travail. |
Vareilles : le café lieu de rencontre |
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Vareilles, le Monument aux Morts |
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